Fable en vers dédiée à mes amis de i île de
La Réunion, oùj ai vécu 12 an~
Depuis près de dix mois, le virus sévissait.
On n'en finissait plus de chasser les moustiques.
Partout on entendait leur stridente musique,
Et leur vrombissement jamais ne s'arrêtait.
Chikungunya,
c'était
le nom de ce virus.
L'insecte prenait soin de sa progéniture:
Il l' abritait dans les bouquets de papyrus,
Dans la ravine et les carcasses de voitures,
Dans
la mare où croupit de l'eau, près
de la case,
Dans les étangs, dans les moindres dépôts de vase,
Dans les troncs morts des filaos, des bananiers,
Et jusque dans les noix fendues des cocotiers.
A
Paris, tout là-bas,
personne ne bougeait.
Nos ministres vantaient la baisse du chômage,
Paradaient à la foire, y goûtaient des fromages,
Des cuisses de poulet, des vins du Bordelais ...
La
grippe aviaire était
leur unique souci.
C.N.E., C.P.E. étaient passés en force.
Il y avait bien sûr les aftentats en Corse,
Un enseignant frappé en Seine Saint-Denis, La justice en question dans l'affaire d' Outreau,
Les vols, les viols, les rapts, les ados en colère
Arrêtons là la liste : il y en aurait trop!
Leur unique souci, c'était la grippe aviaire,
Qui
n'était, pour l'instant, présente
qu'en Orient,
Mais dont on savait bien qu'elle allait se répandre
Et que ce n'était plus qu'une question de temps.
Devant cette calamité, quel parti prendre?
Et l'on tergiversait, racontait des salades,
Prétendait que, bien cuit, le poulet était sain,
Qu'on n'avait pas à s'inquiéter du lendemain,
Qu'on avait des vaccins pour traiter les malades. Pendant
ce temps, là-bas, dans notre île lointaine,
Le moustique rayé exerce ses ravages.
Cent mille cas de grippe, et des morts par dizaines
Et ce n'est pas demain qu'on va tourner la page!
On
a trop attendu, on manque de remèdes;
Les enfants, les vieillards sont les premiers touchés.
La panique s'installe. Vers qui chercher de l'aide
Quand tout ce qu'on peut faire est de rester couché ?
Paris mesure
enfin l'ampleur de ce fléau.
Pour aider l'habitant, on fait venir l'armée,
On traite, on vaporise, on asperge à gogo.
Faune et végétation sont toutes décimées.
Pour apaiser
l'angoisse de La Réunion,
De Villepin et quelques-uns de ses ministres
Vont se rendre sur place en représentation:
Risible conclusion d'une farce sinistre...
Moi, je me prends
alors à rêver qu'un moustique
Enorme et tout gorgé du sang d'une volaille
Fonce et sans se soucier des gens, de la flicaille,
Se pose sur la joue du ministre et le pique, Tandis qu'une nuée d'insectes fait la nique
A ce troupeau d'irresponsables politiques,
Et pique l'un et pique l'autre et pique et taille,
Profitant des moindres recoins, des moindres failles
On les verrait - triste
image de notre époque - Courbaturés,
claquant des dents, brûlants de fièvre,
Tout boursouflés et pustuleux, couverts de cloques,
Se souvenir de La Fontaine et de son lièvre,
Se rappeler, mais un peu tard, que bien mieux vaut
Ouvrir les yeux, prévoir à temps, partir plus tôt,
Et d'un désastre mesurer la pleine ampleur
Au lieu d'attendre et de jurer sur leur honneur
Que non vraiment nous n'avons pas à avoir peur
La peste soit de tous ces satanés menteurs!
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----JCS,
apprenti Web-user,
vous salue
bien. A
bientôt ! |