INCINERATEURS

L'incinérateur, et la prise de position délicate...

Où l’on voit qu’il est sot de tirer à boulets rouges sur une méthode, alors que l’origine des ennuis présents et surtout futurs, vient de l’incivilité et du laxisme établi. Chacun ayant tendance à jeter les papiers par la fenêtre…
Il suffit d’accepter le mieux de chaque spécialité, de les faire travailler ensemble ou complémentairement pour diminuer nos ennuis de poubelles…Et la décharge est plus dangereuse que l'incinération !

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Tiré de "carrefourlocal.org"

Extraits de : Rapport de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques sur les techniques de recyclage et de valorisation des déchets ménagers et assimilés (rapporteurs M. Gérard Miquel, sénateur et M. Serge Poignant, député)

Les émissions et résidus d'incinération
L'incinération décompose la matière à travers l'oxydation, et réduit le volume des déchets dans une proportion de 90 %. En brûlant, l'incinération dégage cinq types d'émissions : de l'eau, des gaz (CO, CO2, NOx, SO2, HCl), de la poussière minérale (cendres), des métaux lourds (plomb, cuivre, mercure, cadmium, nickel, arsenic), des molécules organiques (carbone...).

Ces émissions peuvent être traitées par des mesures spécifiques, mais il n'en demeure pas moins que nombre d'entre elles présentent un potentiel toxique pour les hommes et l'environnement. Les problèmes sont cependant différents selon les polluants.

L'incinération génère naturellement du gaz carbonique (CO2), issu de la combustion des résidus de végétaux, de bois, de plastique, de papier..., et surtout de l'injection d'air. Il faut un excès d'air pour brûler à haute température, et une tonne de déchets incinérés génère 5.000 m3 de fumées et de CO2. On peut régler les quantités de CO2 en réglant les débits d'air et la qualité de la combustion, mais on ne peut capter le CO2 qui est le stade final de la décomposition de la matière organique. Hélas, le CO2 est l'un des principaux facteurs concourant à l'effet de serre.

Mais, d'une part, la part de l'incinération dans les émissions de CO2 paraît cependant négligeable par comparaison à d'autres sources (automobiles, activités industrielles, chauffage et combustion du charbon), d'autre part, plusieurs études ont montré que la mise en décharge dégageait davantage d' " équivalent CO2 " que l'incinération. Selon une étude Novergie, la quantité totale d'équivalent CO2 d'une tonne de déchets mis en décharge est de 3.491 kg contre 972 kg lorsque les déchets sont incinérés, soit 3,6 fois plus. D'autres études, britanniques notamment, conduisent aux mêmes conclusions (UK, Royal Commission of Environmental Pollution, 1993). Sans parler des comparaisons par rapport aux autres sources d'émission. Selon Novergie, " sur la base de la réglementation prévue pour 2002, l'utilisateur d'une véhicule automobile produira 600 fois plus de CO, 200 fois plus de CO2, que le gaz produit par une UIOM ".

Les NOx. L'appellation d'oxyde d'azote s'applique généralement au monoxyde d'azote (NO), appelé aussi oxyde nitreux, et au dioxyde d'azote (NO2). Il existe aussi plusieurs autres gaz de même famille. Mais seuls les NO et NO2 sont couramment désignés sous la formulation abrégée NOx. Le NOx, en particulier, est un liquide et un gaz irritant. Présent en grande quantité dans l'atmosphère, il donne une coloration brunâtre aux masses d'air qui recouvrent les zones urbanisées et contribuent aux " pluies acides ". L'incinération génère des doses de NOx très faibles par comparaison à d'autres sources (automobile notamment). Elles peuvent également être limitées en abaissant les températures, et par adjonction d'ammoniaque, qui, en présence de catalyseurs, réagit avec les NOx et les réduit On considère que la part des incinérateurs dans l'ensemble des émissions anthropiques françaises est de 1%.

Jusqu'en 1999, aucune norme n'était fixée concernant les rejets de NOx. La proposition de directive européenne sur les incinérateurs a inclus une limite de 200ng/m3. Si cette mesure est adoptée, l'augmentation des coûts d'incinération sera importante (voir ci après),

Les métaux lourds. La plupart des métaux lourds ne peuvent être détruits par la combustion, et se retrouvent, par conséquent, dans les résidus. Pour réduire leur influence, la meilleure solution est de les éliminer en amont, avant incinération. D'où l'intérêt, et même la nécessité, de collecter séparément les piles et batteries par exemple. A défaut, les métaux lourds sont captés par filtres successifs à l'issue de l'incinération. On distingue trois grandes catégories :

les métaux lourds toxiques, tels que le mercure (Hg), le Cadmium (Cd), le chrome (Cr), le plomb (Pb) ;

les métaux moyennement toxiques, tels que le cuivre (Cu), le nickel (Ni). Ils sont moins toxiques que les précédents, mais ont un effet catalyseur, en particulier pour la post formation de dioxine dans les effluents gazeux ;

les métaux faiblement toxiques, tels que le fer (Fe) ou l'aluminium (Al).

Les problèmes posés par les métaux devraient diminuer à l'avenir, à la fois par un meilleur tri en amont (collecte sélective des piles, des emballages acier et aluminium), et par une diminution du gisement toxique (disparition du mercure dans les piles, disparition annoncée du mercure dans les thermomètres, disparition progressive des tuyaux et canalisations en plomb).

Reste le cas des dioxines et furanes, moins problématique (car les traitements sont aujourd'hui assurés) qu'emblématique, tant la fixation est forte et les passions sont exacerbées.


Avantages et inconvénients de l'incinération

AVANTAGES
INCONVÉNIENTS
Réduction des volumes de 90 %
Cendres, résidus polluants
Rapidité de traitement
Problème des seuils de rentabilité pour les petites unités
Pas de prétraitement
Production d'énergie électrique peu efficace en général
Adaptation aux gros gisements
Investissements élevés
Ne produit pas de méthane
Coûts de fonctionnement en forte croissance
Possibilité de récupérer et valoriser l'énergie
Empêche toute inflexion de la politique des déchets
Possibilité de récupérer les métaux
Oppositions sociales croissantes
Garantie de long terme

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Comparaison des politiques nationales de traitement des déchets (juin 1997)

É tats Recyclage
Incinération
Décharge
Stockage
France
12 % (dont 6 % de compost)
40 %
48 %
Allemagne
18 % (dont 2 % de compost)
34 %
48 %
Suède
23 % (dont 5 % de compost)
40 %
37 %
Norvège
13 % (dont 1 % de compost)
18 %
69 %
Danemark
20 %
60 %
20 %
Pays-Bas
43 % (dont 20 % de compost)
26 %
31 %
Belgique (Flandre, Wallonie)
35 % - 11 %
29 % - 31 %
36 % - 58 %
Italie
9 %(dont 2 % de compost)
6 %
85 %
Royaume-Uni
25 %
5 %
70 %
États-Unis
24 %
15 %
61 %
Japon
11 % (dont 2 % divers)
74 %
15 %
Canada
30 %
4 %
66 %
Suisse
39 %
47 %
14 %
Autriche
33 % (dont 17 % decompost)
12 %
55 %
Espagne
13 % (compost)
4 %
83 %
Source : ADEME

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Production de déchets municipaux. Quelques comparaisons internationales

--------------------------------milliers de tonnes--------------------ooo-------------------kg par habitant------------

1975
1980
1985
1990
1975
1980
1985
1990
France
14.330
15.570
16.220
20.320
271
289
294
360
Allemagne
20.423
21.417
19.387
21.172
333
348
317
333
Italie
14.095
14.041
15.000
20.033
257
252
265
348
Royaume Uni
16000
15.500
17.000
20.000
324
312
341
348
Suède
2.400
2.510
2.650
3.200
293
302
317
374
Norvège
1.700
1.700
1.970
2.000
424
416
474
472
Suisse
1.900
2.240
2.500
3.000
297
351
383
441

Source : Statistical compendium for the Dobris Assessment, Eurostat, 1995

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Dépenses d'environnement des collectivités locales (milliards de francs)

  1996 1997 1998 1999 2000 2001
Fonctionnement 83 88,2 93,0 97,7 100 106,2
Investissement 31 31,8 32,7 34,2 36 36,2
( dont déchets) 2,6 1,9 3,15 5,1 6,5 8,5
Total 114 120,0 125,7 131,9 136 142,0

Cette partie, relative à l'économie du système de traitement des ordures ménagères par incinération, sera hélas sommaire, tant il et difficile et délicat de donner des évaluations sur un dossier aussi sensible et, surtout, aussi évolutif. Les chiffres qui suivent ne peuvent être que des indications grossières. Tous les services et instituts ont buté sur les mêmes difficultés : les variations de prix sont très importantes, selon l'ancienneté de l'usine, la technologie utilisée, les revenus retirés de la valorisation énergétique, la nature des déchets et, surtout, les normes environnementales appliquées. L'évolution de ces dernières est un facteur déterminant pour l'évolution des coûts.

On s'en tiendra donc à quelques axes. Mais la tendance est incontestablement à l'augmentation des coûts d'incinération. Notamment lorsque les coûts sont bas, comme ils le sont en France. A titre d'information, on pourra rappeler cette comparaison internationale, particulièrement édifiante au sujet du :coût moyen d'incinération (francs/tonne) :

Suède
Danemark
France 1
Belgique
Pays-Bas
Allemagne
Suisse
250
400
410
620
630
1.210
1.220

1 Coût correspondant aux conditions d'exploitation en 1997. Le coût attendu est de 700 F.

Source : Juniper Consultancy, UK, 1998, citée dans Laurent Bontoux, The incineration of waste in Europe : issues and perspectives, mars 1999

Les éléments du coût
Le coût de l'incinération en investissements et en fonctionnement est fonction :

du dimensionnement qui est calibré sur un gisement et un pouvoir calorifique (PCI) des déchets entrants donné. Plus le nombre de lignes est élevé, plus l'investissement est important. Pour une même capacité globale, l'investissement est plus élevé lorsque le nombre de lignes est important. Chaque ligne supplémentaire représente un surcoût de 20 % (ainsi, à capacité égale, le coût d'une incinération à 3 lignes est égal à 1,2 fois le coût d'une incinération à 2 lignes). L'incinération est également qualifiée pour un PCI donné. Les investissements sont proportionnels au PCI. Le dimensionnement est un élément essentiel. La sous utilisation peut entraîner des augmentation de coût importantes :

de la réglementation. Il s'agit là d'un point capital. La nouvelle réglementation annoncée, et appliquée par anticipation, entraîne une augmentation très sensible des coûts. Trois éléments interviennent (les investissements complémentaires pour les émissions de dioxine, les investissements complémentaires pour les émissions de NOx, une diminution des recettes énergétiques (de l'ordre de 5 à 10 %).)

du traitement des fumées ;

de la valorisation énergétique ;

de la gestion des sous produits (mâchefers et REFIOM) qu'il faut stabiliser avant utilisation ou stockage en CET de classe I (pour les REFIOM) ou II (pour les mâchefers), ou éventuellement valorisation. Au sein de ce poste, la répartition est de 70 % pour le traitement des REFIOM, 30 % pour le traitement des mâchefers ; les recettes qui sont issues de la valorisation énergétique et de la vente des métaux.

A l'ensemble de ces coûts, qui représentent le coût de l'incinération proprement dite, il faut ajouter les coûts de transport, qui ne sont pas inclus parmi les coûts directs d'incinération, mais qu'il faut prendre en compte pour apprécier l'ensemble du coût.


Résultats
Évaluation générale des coûts de traitement. Les coûts sont très variables selon la taille et la capacité. En revanche, la répartition interne est à peu près constante. Ces deux éléments sont donnés dans les tableaux ci-après :

Composition des ordures ménagères en %
Déchets putrescibles 28,8 % - Papier 16,2 % - Carton 9,1 % - Plastiques 11,1 % - Verre 13,1 % -
Métaux 4,1 % - Incombustibles 6,8 % - Combustibles divers 3,2 % - Textiles 2,6 % - Textiles sanitaires 3,1 % -
Complexes 1,4 % - Spéciaux 0,5 %
----------------------------------------------Source : ADEME, Déchets municipaux, les chiffres clefs - février 1998---

Coûts d'incinération (données sommaires)

Capacité 20.000 tonne/an 40.000 tonne/an 120.000 tonne/an
Nombre d'habitants 70.000 150.000 300.000
Coût du traitement 750 / 900 F 500 / 700 F 450 / 500 F

------------------------------------------------Source : AMF/ADEME, étude SOFRES
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Pourquoi la thermolyse ne génère-t-elle pas de dioxine ?

Pour fabriquer de la dioxine, il faut trois conditions : du chlore, de l'oxygène, une certaine température (de l'ordre de 300 à 400° C). En incinération, la dioxine est d'abord détruite par la chaleur pour se reformer au moment du refroidissement. En thermolyse, les conditions ne sont donc pas réunies, puisque, s'il y a bien du chlore, il n'y a pas d'oxygène (c'est le principe même de la thermolyse). Quand on brûle le gaz, ou qu'on brûle ou gazéifie le combustible solide, on retrouve les conditions qui pourraient permettre la reformation des dioxines, puisqu'on brûle avec de l'oxygène. Cette reformation n'apparaît cependant pratiquement pas, car on capte facilement le chlore dans le solide qui peut également être facilement lavé pour enlever le chlore et, dès lors, il manque la première condition pour fabriquer la dioxine. Le solde éventuel (puisque le chlore n'est pas totalement éliminé) peut être filtré par charbon actif lors du traitement des fumées

CONCLUSION

Ce rapport n'a pas la prétention d'apporter des réponses à toutes les questions que se posent les élus, confrontés au délicat problème de la gestion des déchets ménagers et des déchets industriels banals.

Nous l'avons conçu comme un " guide d'aide à la décision ", car les solutions sont différentes d'une région à une autre. Elles sont liées à la composition du gisement, aux quantités à traiter, à l'existence d'installations de traitement... Les ordures ménagères et les déchets industriels banals doivent être considérés d'abord comme un gisement de matières premières secondaires que les collectivités et les industriels ont le devoir de valoriser avec quatre objectifs complémentaires :

-------préserver les ressources naturelles pour les générations futures,

---------------faire oeuvre utile pour l'environnement,

--------------------créer de l'activité économique et de l'emploi,

----------------------faire participer nos concitoyens à l'action collective mobilisatrice.

--------------------------mais l'optimum sera le tri , très grandes installations, complété par l' incinérateur moderne. (thermolyse, cracking, filtrages )

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